Un coeur qui bat?

Me voila toujours sur mes problèmes professionnels de signature de renouvellement de temps partiel. La chef N+2 rentre aujourd’hui, la DRH attend le courrier aujourd’hui. Me voila en pleine discussion avec Odile du syndicat qui m’apprend qu’en effet, mon chef ne peut pas refuser de traiter ma demande sauf si il se considère incompétente, ce qu’il doit se considérer du coup. Par contre, il aurait du passer le doc a sa chef… OK, je le tiens ! Par contre, le CG commence à faire blocus sur le temps partiel de non droit ça leur revient trop cher. Et merde. Bon étape par étape, déjà voir si ma chef N+2 valide l’incompétence de mon chef en signant. Je tourne en rond. La journée va être longue. J’attends, le stress monte, entre ça, l’écho de cet aprèm, mon coup à boire avec ma pote enceinte de 6 mois (comme j’aurais du l’être de mon Lupin) que je n’ai pas vu depuis 6 mois !!!! Dur dur.

Je me prépare. Il faut que je m’occupe. Benoit rente manger à midi, je suis en boucle… Et finalement, mail a 14h, ma chef N+2, invalide mon chef, elle a signé, rapidement alors qu’elle devait avoir pleins d’autres choses à faire vu son retour de congé et en plus elle met un avis favorable !!! 1 pour moi, 0 pour mon chef. Me revoici boostée pour mon rdv de vendredi et ma reprise de lundi. Je me sens assez puissante et forte pour poser les choses. Maintenant reste à savoir ce que l’institution va valider. Ca c’est une autre étape !

J’attends au café ma pote, j’appréhende. Je sais que ce qu’elle va me renvoyer va être difficile. C’est la pote que j’ai perdu cet été. Elle a fait l’IAC le lendemain de moi en juillet, on est tombée enceinte en même temps mais moi j’ai fait une fausse couche. Jusqu’ici c’était trop violent pour moi de la voir, on a repris contact par téléphone, et là il faut que je passe le pas du physique, de voir son bidou… Lorsqu’elle arrive, j’ai du mal à la regarder. Je suis contente de boire un coup avec elle mais j’ai du mal à voir son ventre. Heureusement, elle est subtile et n’en fait pas des tonnes. Nous parlons de tout et de rien, comme avant. Ca fait vraiment du bien.

L’heure tourne. Mon rdv approche. Me voila à attendre, seule dans la salle d’attente. A midi, Benoit m’a dit qu’il avait essayé de décaler ses patients, mais qu’il n’avait pas réussit. J’ai eu envie de le taper. Il avait qu’à prévoir plus tôt, ce rdv est posé depuis 3 semaines ! Bref, me voila seule, très angoissée. Et si le cœur ne battait pas, et si on ne voyait rien et si, et si… Tout ça tourne dans ma tête, impossible de me concentrer sur mon livre.

C’est enfin mon tour, le spécialiste m’accueille un peu tendu. Il me demande comment je vais et si je suis sereine, je lui réponds que non, et là, il me dit « moi non plus ». Aïe ! Il commence à me dire qu’on va regarder à l’écho, qu’il a du mal à croire que ça est marché, qu’il faut se préparer éventuellement à des choses difficiles… Je comprends bien qu’il me ménage, mais j’ai envie de lui dire de se taire et de faire cette putain d’écho. Et là, je regarde l’écran et ne voit rien… Lui me dit « Ah, ben y à un beau embryon ». Je n’en crois pas mes yeux, il me le montre, mais je ne vois pas de cœur… « Et une belle activité cardiaque ». Je vois enfin le cœur battre. Le mien s’emballe. Mon blasto tordu est bien là, posé et installé dans mon utérus et malgré ses 14 mm, il a un cœur qui bat… Mon spécialiste à l’air comme moi d’être sous le choc. Il met le son, pour qu’on entende doux son du cœur. Les larmes me montent aux yeux. Où est Benoit pour me soutenir, je ne vais quand même pas être cajolé par mon spécialiste. Je retiens tout ça en moi. Je suis entrain de vivre seule ce moment merveilleux, magique, les mots me manquent pour décrire ce que je vis. Une grande complicité s’installe entre mon spécialiste et moi. C’est un moment très particulier que nous vivons. Il me sort le portrait de notre bébé et me dit « c’est pour Monsieur ! ».

Autour de son bureau, il continue de me dire qu’il n’en revient pas, que la biologiste n’y croyait pas. C’est elle qui lui a dit de ne pas déclarer le transfert car ça ne marcherait pas. Elle lui doit 80 euros ! Je lui propose ma carte vitale ! Il me dit qu’il ne l’a pas déclaré, c’est cadeau. Alors je lui montre la lettre du centre. Et là il me dit qu’il va vraiment réclamer les sous à la biologiste qui elle s’est fait payé !!! Il veut me revoir dans 15 jours pour une nouvelle écho. Il ne préfère pas faire la déclaration aujourd’hui et attendre la prochaine écho pour que tout aille bien. Il me dit qu’il verra à ce moment là pour la facturation du transfert tout en me disant que ça allait être compliqué car on a changé d’année !

Sortie de là, je vais voir la secrétaire pour prendre rdv. Je suis encore toute chamboulée. Elle me regarde inquiète, « ca va ? ». Je réalise que je me contiens tellement que je dois être complètement fermée. Je la regarde en lui expliquant que oui mais que j’ai du mal à réaliser ! Elle me donne un rdv, je prends sans réfléchir mais je sais que le mardi je ne peux pas. Mon cerveau est déconnecté, je note, on verra plus tard !

Je sors, je tremble de tout mon corps, je roule une cigarette (ouh pas bien) et je prends mon téléphone. Benoit décroche. Je n’arrive plus à me contenir, ça déborde. Je pleure, ça y est. Je lui dis qu’il y a une activité cardiaque mais lui ne comprends pas, il croit qu’il y a un problème cardiaque. « NON, SON CŒUR BAT ! ». Rien en écrivant, les larmes remontent en moi ! Je voudrais qu’il soit là, je voudrais crier, hurler. Ca y est je suis enceinte et mon bébé a son cœur qui bat !!!

Me voila encore à attendre 15 jours pour que mon spécialiste me rassure vraiment et qu’on fasse enfin la déclaration de grossesse. Ah, attendre, maitre mot de la PMA !